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1950-2000, arts contemporains

Toutes les disciplines artistiques sans hiérarchie, autour de cinq thèmes : arts majeurs/arts mineurs, mondialisation, marché, nouvelles technologies et mise en scène du corps. Un large panorama historique et pratique à consulter selon ses besoins ou ses envies.

— Auteurs : sous la direction de Camille Saint-Jacques
— Éditeur(s) : Autrement, Paris / Scérén-CNDP, Paris
— Année : 2002
— Format : 23 x 16,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Page(s) : 448
— Langue(s) : français
— ISBN : 2-7467-0282-7 (Autrement)
— ISBN : 2-240-00847-4 (CNDP)
— Prix : 44,95 €

Cinq clés pour comprendre la « modernité tardive »
par Camille Saint-Jacques (extrait)

Peut-on comparer l’esthétique d’une œuvre de Varèse à celle de l’appareil hi-fi qui en permet l’écoute ? Si la question paraît provocante, elle n’en résume pas moins les enjeux importants de ce livre et de notre modernité.

En ce qui concerne cet ouvrage, le lecteur sera peut-être dérouté devoir évoquer aussi bien les arts majeurs que ceux dits mineurs, aussi bien les beaux-arts que les arts décoratifs ou appliqués. Pourtant, notre objet n’est pas de renverser les classifications artistiques, ni d’afficher un relativisme esthétique militant. L’ambition d’aborder à grands traits et de manière pratique l’art des cinquante dernières années exigeait de limiter autant que possible le bagage culturel nécessaire à la lecture. Nous avons donc choisi de nous appuyer non pas sur des connaissances artistiques supposées, mais sur l’expérience et les conduites esthétiques les plus communes. Les arts graphiques, le design, la bande dessinée tout comme la photographie font partie du cadre de vie de chacun, quelque soit son niveau d’intérêt pour ces arts pris séparément. La publicité est nourrie d’emprunts à ces domaines, et le laps de temps qui sépare les recherches les plus aventureuses de leur réemploi dans les médias est de plus en plus court. Amateurs d’art ou non, nous sommes donc tous rapidement imprégnés par ce qui se trame dans les cercles artistiques les plus restreints. Et si le grand public ignore les noms des novateurs, comme le jargon des cénacles spécialisés, il est beaucoup plus présent à l’art contemporain qu’il ne se l’imagine. Dans notre manière de nous vêtir, de nous meubler, de nous maquiller, de nous mouvoir l’art d’aujourd’hui est prégnant non seulement à cause des relais que constituent les moyens d’information, mais parce que plus aucune pratique artistique ne dédaigne de puiser largement dans les tendances esthétiques qui traversent les strates de la population. L’intrication entre l’art et les modes de vie est telle qu’à vouloir établir des frontières rigides entre les deux on ne peut que pécher par arbitraire et sectarisme.

Il convenait donc d’envisager ce demi-siècle d’art contemporain avec pragmatisme, et d’inviter le lecteur à valoriser ses propres expériences esthétiques comme point de départ pour appréhender les aventures artistiques qui ont marqué ces dernières années. À nous de trouver les points de rencontre possibles entre le geste amoureux de l’amateur de bagnole qui, dans les années soixante-dix, passait ses week-ends à poncer le galbe idéal des ailes arrière de sa Coccinelle Volkswagen et celui d’Henry Moore qui, à la même époque, tendait à l’extrême les lignes de ses sculptures monumentales. Il ne s’agit bien sûr pas de considérer toutes les voitures customisées comme des oeuvres d’art, mais de s’intéresser plus à ce qui peut nous rapprocher de l’art qu’à ce qui nous en éloigne. Or les matériaux, les traitements de surface, les gammes de couleurs, les volumes sonores ou architecturaux, les intonations sont communs à une époque. il n’y a pas beaucoup de différences entre le ton des étudiants de 68 et celui des troupes de théâtre qui s’installeront quelques années plus tard à la Cartoucherie de Vincennes près de Paris. L’univers d’aluminium, de néon et de Plexiglas des artistes minimalistes américains est celui-là même qui entourait leurs contemporains dans les grandes villes occidentales.

On regrettera sans doute l’absence de telle pratique artistique, de tel courant ou figure majeurs. Il n’est, bien entendu, pas question ici d’exhaustivité. Chaque auteur présente un parcours personnel dans ce demi-siècle, une manière subjective d’entrer dans un domaine artistique en s’appuyant sur les connaissances indispensables non pas pour tout comprendre, mais pour se lancer à l’aventure.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Autrement)

L’auteur
Né en 1956, Camille Saint-Jacques est peintre et enseigne le français, l’histoire et la géographie au Lycée polyvalent Claude Garamont à Colombes. Il a été directeur de publication du Journal des expositions et de Post et a publié Artiste, et après ? aux éditions Jacqueline Chambon en 1998. Il dirige une nouvelle collection « Beautés » aux Éditions Autrement.

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