ÉCHOS
01 Jan 2002

19.11.05. Collection Claude Berri chez Christie’s

Une partie majeure de la collection de photographies de Claude Berri. Tirages du début du XXe siècle aux années 1950-60, autour de deux axes principaux: l’abstraction et le Surréalisme.

Lieu
Christie’s

Communiqué de presse
Pendant le mois de la photo à Paris, Christie’s propose aux enchères une partie majeure de la collection de photographies de Claude Berri. Cette collection, constituée surtout de tirages du début du XXème siècle aux années 1950-60, s’articule autour de deux axes principaux : l’abstraction et le Surréalisme.

Constituée d’œuvres d’artistes tels que Brassaï;, Claude Cahun, Constantin Brancusi, Hans Bellmer, Raoul Ubac, Man Ray, André Kertesz, Edward Steichen, Eugène Atget, Aaron Siskind, Harry Callahan, Paul Strand, Felix Teynard, Gustave Le Gray, la collection de Claude Berri est l’expression de ses préférences. Le réalisateur et producteur de cinéma ne s’est pas livré à une histoire exhaustive de la photographie, mais s’est concentré sur l’abstraction, les expériences techniques et formelles des années 20-30 et sur l’interprétation de l’imagination.

Collectionneur passionné, Claude Berri commence au milieu des années 80 par acquérir des tableaux: «De Tamara de Lempicka j’en suis arrivé à Ryman…»
En 1996, la découverte des «Graffitis» de Brassaï; chez Gilberte Brassaï;, dont il en acquiert une quinzaine, constitue pour lui une révélation et marque les débuts de sa collection de photographies: «Pour moi, ces photographies sont magiques. De mur en mur, elles résument tous les grands thèmes de la vie : la naissance, l’amour, la mort.» Visages naï;fs et têtes de mort sont gravés sur les murs de Paris, ces « Graffitis », tous tamponnés et signés par Brassaï; ou authentifiés et signés par Gilberte Brassaï;, seront proposés aux amateurs à partir de 3.500 euros.

Après Brassaï;, il découvre Raoul Ubac dont il acquiert un certain nombre d’œuvres auprès de la fille de l’artiste avec laquelle il se lie d’amitié: «Les photomontages – les «Penthésilées» – d’Ubac sont de véritables créations. Le propre d’un artiste, c’est de proposer une vision de son monde, unique, jamais vu.» Ce travail de montage, collage, superposition de négatifs et de positifs, solarisation et brûlage, confère aux séries «Penthésilées» et «Combats» des allures de reliefs où des fragments de corps nus semblent dévorés par la lumière. Parmi ces images presque abstraites aux jeux de matière étonnants, notons Groupe I de 1939 qui sera proposé entre 25.000 et 40.000 euros ou encore Combat II de 1937 estimé entre 15.000 et 20.000 euros.

Des photographies par l’artiste surréaliste Hans Bellmer, parmi les plus emblématiques, complètent cette importante collection. Plusieurs clichés de son inquiétante Poupée désarticulée, image qui a suscité l’enthousiasme des surréalistes, seront proposés aux enchères. Le plus important est un tirage argentique colorié à l’aniline de 1935, estimé entre 100.000 et 150.000 euros. On découvrira également la Poupée de 1938 et la Poupée enceinte de 1937-49. La Poupée fut conçue par Bellmer comme une véritable mécanique articulée dont le corps fut remanié, déconstruit et reconstruit. C’est un corps physiologique, organique, imaginaire et fantasmatique qui est exploré dans cette œuvre. La grande dimension de ces photographies, rare pour des tirages anciens, leur confère une modernité étonnante.

Les petits formats de Claude Cahun des années 1920-1930 se situent dans un registre plus intime et sensible. Mise en scène d’une mythologie personnelle complexe, plusieurs autoportraits de l’artiste seront mis en vente, dont l’un daté de 1927, offert entre 25.000 et 35.000 euros. Il faut également noter les petites constructions, dont Cœur de pic de 1937, clichés emblématiques du détournement objectif des images opéré par les surréalistes.

Les «Rayographies» de Man Ray constitueront certainement l’un des moments forts de la vente. Réalisées pour la première fois en 1922, ces épreuves uniques sont créées sans appareil en posant des objets directement sur le papier sensible ainsi exposé à la lumière : « Dans une Rayographie de Man Ray, l’objet devient une œuvre abstraite, sublimé par la lumière,» explique Claude Berri.
La Rayographie datant de 1925, offerte en 1940 au MoMA par James Thrall Soby qui l’avait lui-même reçu des mains de l’artiste, est exceptionnelle. Toutes les conditions sont réunies : une provenance irréprochable pour une œuvre unique et un tirage dans un état de conservation excellent (estimation : 200.000-300.000 euros). Il faut également souligner celle datant de 1922 où la figure disparaît pour laisser place à une œuvre abstraite (estimation : 160.000 à 240.000 euros).

Constantin Brancusi, lui, sublime sa sculpture par le cadrage et l’éclairage, illustrant ainsi ses préoccupations relatives à la lumière, aux formes et aux volumes, conférant à ses clichés le statut de véritables œuvres. Un tirage de La colonne sans fin de 1938, dont le cadrage insiste sur l’importance du ciel et des nuages créant autour de la sculpture elle-même des jeux de lumière, sera proposé entre 20.000 et 30.000 euros.

Un ensemble de très belles photographies d’Edward Steichen retrace les évolutions formelles et techniques de l’artiste. Le célèbre Balzac d’Auguste Rodin de 1908 laisse apparaître une forme floue, sorte de fantôme irradiant une lumière blanche. Il illustre parfaitement l’utilisation poétique de la lumière caractéristique du pictorialisme (estimation : 120.000-180.000 euros). Les Trois Pommes de 1925, d’un esthétisme parfaitement épuré, témoigne de l’évolution du photographe vers la photographie «pure», où emploi de netteté et de cadrage serré caractérisent une nouvelle approche de l’objet. Il réalise ici l’un de ses premiers clichés d’objets aux formes presque abstraites (estimation : 80.000 – 120.000 euros).

De l’abstraction au formalisme en passant par le Surréalisme, la nouvelle démarche documentaire trouve également sa place au sein de la collection de Claude Berri.
Ainsi, témoignage du Paris Historique, plusieurs tirages d’Eugène Atget seront proposés aux amateurs, dont une vue de l’escalier de l’Hôtel Sully-Charost vers 1904-1905 (estimation : 20.000-30.000 euros). Images marquant un tournant dans l’histoire de la photographie, les clichés d’Atget annoncent cette nouvelle conception du document théorisée par Walter Benjamin et inaugurent un regard nouveau sur l’objet.

Pour compléter cette approche, la collection contient des tirages de Bérénice Abbott et de Walker Evans, tous deux observateurs des réalités quotidiennes du monde américain et des mutations de l’univers urbain. Les vues en contre-plongées vertigineuses des gratte-ciel de Manhattan soulignent la démesure de la ville moderne, tel ce tirage de 1936 de Bérénice Abott proposé entre 16.000 et 24.000 euros. Les photographies de Paul Strand aux préoccupations formalistes et abstraites s’attachent plus aux détails, tels ces portes blanches d’église en Nouvelle Angleterre en 1960 (estimation : 40.000-60.000 euros) ou encore ce verrou à l’Argentière de 1950 (estimation : 35.000-50.000 euros). Plus végétal, Mullein de 1927, proposé entre 50.000 et 65.000 euros, illustre les recherches sur les gros plans qu’il effectue entre 1926 et 1928.

Infos pratiques
> Lieu
Christie’s
9, avenue Matignon. 75008 Paris
M° Franklin D. Roosevelt
> Horaires
19h
> Contact
T. 01 40 76 85 85
site de Christie’s
> Entrée libre
Les œuvres sont exposées du 16 au 19 novembre.
L’espace est ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h.

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