Siyoub Abdellah, Nour Awada, Juliette Andréa Elie, Léa Barbazanges, Jérémie Bennequin, Alexandrine Boyer, Tsama Do Paço, Pierre Dunand Filliol, Isabelle Ferreira, Anne-Charlotte Finel, Jacques Girault, Apolline Grivelet, Ségolène Haehnsenkan, Natalia Jaime Cortez, Makiko Kamohara, Jiri Kornatovsky, Emilie Imbert, Julie Michel, Teppei Nogaki, Jean-Marc Planchon, Pierre Rabardel, Enrique Ramirez, Marion Richomme, Emilie Sévère, Ludivine Sibelle, Michel Soudée, Geoffroy Terrier, Simon Thiou, Donald Tournier, Julie Vacher
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Le collectif d’artistes Inconnaissance organise sa quatrième exposition intitulée «[ … ]» au 6b, à Saint-Denis. Les Å“uvres de trente artistes émergents partagent une plongée dans la matière. Au-delà de leurs spécificités individuelles, sculptures, installations dessins, peintures et vidéos ont en commun une démarche qui vise l’appréhension directe de la matérialité. Par des gestes ancestraux réactivés, répétitifs jusqu’à l’extrême ou au contraire infiniment patients, parfois par la simple contemplation, elles la cernent et la mettent en valeur.
Les sculptures, installations et collages de Léa Barbazanges utilisent les matières les plus fragiles pour former des «assemblages organiques». Des matériaux d’origine végétale, animale ou minérale, issus du quotidien, tels que des cheveux, des filaments de clémentine, des aigrettes de pissenlits, de la crépine de porc, des ailes de mouches ou des feuilles d’algues séchées forment des fils ou des surfaces par assemblage ou par accumulation. La matière est au centre de l’œuvre: elle est choisie pour sa délicatesse, sa beauté ordinaire et pourtant admirable. Les Å“uvres pérennisent ce que l’on croit éphémère, sans rien y ajouter, et invite à porter un regard neuf sur la nature.
La vidéo PacÃfico d’Enrique-Ramirez consiste en un plan fixe silencieux de deux minutes au-dessus de l’océan: de puissantes vagues forment une matière sombre, agitée, qui a l’apparence d’une masse solide sans cesse déformée. Ce fragment d’océan est chargé de l’histoire du Chili. En effet, sous le régime dictatorial d’Augusto Pinochet, de nombreuses victimes politiques ont été jetées à la mer. Les eaux impénétrables deviennent dans la vidéo une matière noire imprégnée de mort, de souvenir et de silence.
Les dessins monumentaux de Jiřà Kornatovský sont des méditations graphiques. Une infinité de traits, inlassablement répétés au fusain ou au graphite sur une période qui peut attendre une année, forment de larges motifs abstraits de formes arrondies. A travers eux se confondent la matière et le temps, la patiente sédimentation du dessin semble l’empreinte directe de la durée écoulée pendant sa réalisation.
Le titre de l’exposition se passe de mots pour mieux refléter un ensemble d’œuvres où prime le rapport silencieux au monde et à sa matière.