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Benjamin Sabatier place l’œuvre d’art au cœur de la réalité socio-économique, dont il interroge les caractéristiques : la standardisation, le consumérisme ou l’aliénation par le travail.

Information

  • @2008
  • 22-917722-008
  • \10 €€
  • E66
  • Zoui
  • 4Français / Anglais
  • }15 L - 21 H

Présentation
Marie Canet, Marco Senaldi
Benjamin Sabatier. Fragile

Ce catalogue a été publié à l’occasion de l’exposition «Fragile» de Benjamin Sabatier, qui a eu lieu du 12 avril au 22 juin 2008 au Centre Culturel Nicolas-Pomel d’Issoire.

Extrait de l’entretien entre Benjamin Sabatier et Marco Senaldi

«Je pense que notre société est de plain-pied dans « l’ère de l’emballage ». Cette question est sous-jacente aux préoccupations sociales et économiques actuelles : la surconsommation et le traitement des déchets, l’externalisation des entreprises de production et ses flux d’import-export, la qualité des produits qui disparaît dans la quantité, la qualité de vie des consommateurs et usagers… Mais c’est aussi une question liée profondément au corps et je dirais même plus, au corps social.

La question de L’emballage renvoie en effet à une problématique universelle. Elle vient signifier l’acte de présenter tout en dissimulant, de montrer d’abord l’enveloppe qui recouvre, et cache donc, L’essentiel. C’est une question où l’intime, le subjectif, est masqué par le collectif, présenté d’une manière déterminée, on pourrait dire sous son « meilleur jour ». L’emballage est ce que nous voyons en premier. Il est présent pour protéger l’objet, notamment pendant son transport, mais surtout il est ce qui cache la véritable valeur de l’objet. L’emballage « valorise » d’une certaine manière ce qu’il contient. Le contenant a finalement pris le dessus sur le contenu ; la « Marchandise » n’est plus l’objet mais ce qui le recouvre. Il est souvent plus artistique et beaucoup plus créatif que ce qu’il doit contenir. L’enveloppe de la marchandise, le packaging, masque la valeur d’usage de l’objet qu’elle contient en ne faisant apparaitre que sa valeur d’échange. Dès lors, l’objet est réduit en quelque sorte au statut discursif d’une idée de lui-même. Et c’est une telle idée qui donne prétexte à l’échange marchand. Ce contournement de la « vérité » des objets, qu’on peut dire « spéculatif », tend à générer une sorte de valeur dépourvue d’objet. Cette pratique de dissimulation ou d’inattention volontaire met en avant l’apparence des choses et non leur vraie nature, l’image et non le fait. La valeur d’échange, et par là le fétichisme de la marchandise, est cette surface derrière laquelle les choses non seulement deviennent invisibles, mais ont aussi tendance à disparaître complètement. Cette surface, délibérément séduisante, provoque et fait naître en nous le désir de consommation. Au final, ce que l’on achète, ce qui crée notre désir n’est pas l’objet, mais son enveloppe, ce que d’ailleurs nous jetons en premier.»

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