15.05.05. Les champagnes Pommery ou le mécénat à tout prix!

Les caves du domaine de Pommery sont-elles adaptées pour des expositions?

Les faits

La question se pose, face aux nombreux dégâts subis par plusieurs œuvres lors de cet évènement. La cause de cette situation serait un taux d’hygrométrie de 80%, soit un taux d’humidité trop élevé qui a provoqué un phénomène de moisissure des matériaux utilisés par certaines œuvres.

Les conséquences

« Un Crocodile de Carsten Höller remonté in extremis des caves en août pour être nettoyé… le Trafic de Daniel Firman refait à neuf …le carton (fac-similé) de La Joconde est dans l’escalier de Robert Filliou atteint » (JDA n°213, 15 au 28 avril 2005).Quant aux Ghosts d’Olaf Breuning, l’ampleur des préjudices n’a pas été communiqué.
Ces dommages dont les œuvres ont fait elles aussi leur Expérience#1, sont présentés par les différents acteurs comme « fâcheux mais pas dramatiques », car réversibles. Les champagnes Pommery ont assumé leur responsabilité en prenant en charge les frais de restauration. Est-ce une raison suffisante pour les minimiser, alors qu’une intervention sur les œuvres a été nécessaire pour les remettre en état?

Que dire?

Cette « malencontreuse » expérience montre combien il est urgent que les entreprises développent une réflexion globale sur leur politique de mécénat. La question du lieu d’exposition et de sa capacité à accueillir des œuvres doit être évoquée. Comme le souligne à raison la commissaire d’exposition Stéphanie Moisdon « le risque zéro n’existe pas, même dans des contextes museaux ». Mais peut-être pouvons nous ajouter qu’entre ce risque zéro, utopique il est vrai, et un risque certain de dommage, il est possible de trouver un juste équilibre. Les entreprises pourraient s’inspirer du principe de précaution, entendu non pas comme un frein à toute activité mais au contraire comme permettant d’évaluer les risques majeurs potentiels et les moyens de les prévenir.
Pommery a trouvé quant à lui une élégante parade pour détourner cette contrainte inhérente au lieu, en intégrant le principe même de décomposition au cœur de la prochaine exposition, « L’Idiotie : Experience Pommery #2 », qui se déroulera du 4 juin au 3 novembre. Son commissaire Jean-Yves Jouannais précise que « les œuvres ont été ainsi commandées, et non prêtées, en connaissance de cause ».
Les caves de Pommery inadaptées pour les expositions ? Il semblerait que non finalement.

Carole Boyer