Lettre ouverte à Monsieur Renaud Donnedieu de Vabres
Monsieur le Ministre,
Nous avons été très nombreux à nous féliciter ces derniers mois de vos déclarations si convaincantes et optimistes concernant le soutien à la création contemporaine et à sa plus grande démocratisation sur l’ensemble de notre territoire. Les propos de Monsieur le Premier Ministre lors de la dernière FIAC furent également très prometteurs.
On demande beaucoup de choses aux acteurs de l’art contemporain : faire des expositions, constituer des collections, sensibiliser, diffuser, promouvoir, gérer, conserver…
Mais avons-nous réellement aujourd’hui les moyens de cette politique ambitieuse ? Fort d’un réseau de structures en régions très dynamiques, Centres d’art, Fonds régionaux d’art contemporain, associations diverses et variées, l’art contemporain est aujourd’hui présent sur l’ensemble de notre territoire, mais pour combien de temps encore et sous quelle forme ?
Les Fonds régionaux d’art contemporain sont aujourd’hui dans une situation particulièrement délicate. Alors qu’ils développent une politique de plus en plus ambitieuse à l’étranger de diffusion collégiale de leurs collections et de soutien aux artistes sur la scène internationale, ils sont mis à mal dans leur fondement par une atteinte à ces mêmes collections qui sont à l’origine de leur création, il y a un peu plus de vingt ans maintenant, sur la base d’un partenariat exemplaire et sans précédent entre l’État et les Régions. A la fin de l’année 2005, en effet, et alors que les Conseils d’administration allaient valider les propositions d’achat sur lesquelles avaient travaillé, bénévolement, les comités techniques, de nombreux Frac se sont vu annoncer par vos services la suppression sans préavis d’une partie des subventions du Ministère de la Culture destinées à ces acquisitions.
Ce désengagement soudain qui n’a fait l’objet d’aucune communication officielle constitue un risque, voire un péril irréversible, pour l’équilibre fragile de nos structures. Les Fonds régionaux d’art contemporain sont toujours, vingt ans après leur création, les principaux acteurs de la diffusion et de la médiation de l’art contemporain en région: avec des activités en expansion, des équipes et des moyens qui n’ont pas augmenté au même rythme ; avec des frais de gestion de collection de plus en plus lourds (dus à la conservation et à la restauration mais aussi à l’augmentation de la valeur d’assurance des œuvres, venant confirmer, a posteriori, la justesse du choix des acquisitions passées) ; avec la nécessité, pour certains d’entre nous, de construire ou d’aménager de nouveaux espaces adaptés à leurs activités (expositions, accueil des groupes, centre de documentation mais aussi réserves et ateliers). Ce désengagement nous place aussi dans une situation difficile vis-à -vis des artistes et des galeries qui attendaient la validation de l’acquisition de ces œuvres.
Enfin et surtout, ce désengagement nous oblige à nous interroger sur l’avenir de la participation de l’État à nos structures, participation de l’État qui permettait jusqu’alors de pouvoir dialoguer de manière plus ou moins équilibrée avec les collectivités locales, participation de l’État qui, dans notre système français, est encore considérée comme le seul garant d’un haut niveau de qualité. Rien n’a été fait pour nous rassurer sur une possible embellie à venir et 2006 nous apparaît tout particulièrement incertaine.
Dans ce climat financièrement difficile, alors que les actions que nous menons sur le terrain et à long terme sont peu valorisées et peu médiatisées et que nos dotations sont faibles comparées à d’autres secteurs culturels, l’espoir suscité par vos propos ainsi que par le discours du Premier Ministre à la FIAC, provoque maintenant un certain désarroi car nous serons en manque de moyens pour réaliser ce que préconisait alors Monsieur le Premier Ministre : que la création contemporaine soit «partagée par tous».
Les coupes sévères faites dans les subventions attribuées aux Frac en 2005 par vos services nous donnent l’impression d’un désintérêt de la part de l’État. Son aide est pourtant indispensable à la création contemporaine, comme elle l’a toujours été, et demeure le meilleur moyen d’affirmer une volonté de soutien aux idées les plus avancées de la création contemporaine.
Face à ces interrogations sur l’avenir qui plongent l’ensemble de la Profession et des acteurs de l’art contemporain dans la plus grande perplexité, nous voulons nous en remettre, Monsieur le Ministre, à votre bienveillance et diligence pour pouvoir repenser ensemble et sereinement le futur de nos structures.
L’accroissement ces dernières années de l’intérêt porté par des musées étrangers prestigieux à nos structures et nos collections nous incite à continuer d’espérer en l’avenir qui doit passer par la collégialité : nous avons donc décidé ensemble la création de Platform qui nous permettra de confirmer notre présence à l’international et de renforcer la visibilité de nos actions sur la scène nationale.
Le bureau de Platform
pour les présidents des Fonds régionaux d’art contemporain
[Février 2006]
Platform
Regroupement des Fonds régionaux d’art contemporain et structures assimilées
Les Présidents des Fonds régionaux d’art contemporain et l’Association nationale des directeurs de Frac sont heureux de vous annoncer la création de Platform.
Cette nouvelle association répond à un triple objectif commun de développement et de coopération des Fonds régionaux d’art contemporain et structures assimilées afin de :
— renforcer la collégialité des Fonds régionaux d’art contemporain et la défense de leurs intérêts,
— coordonner et mettre en œuvre des projets interrégionaux et internationaux,
— renforcer la visibilité des Fonds régionaux d’art contemporain en France et à l’International.
Platform et The Israel Museum préparent une exposition qui présentera à Jérusalem à l’été 2006 une trentaine d’œuvres issues de 9 collections de Frac. Installées dans les salles d’expositions temporaires et permanentes du musée, celles-ci permettront l’expérimentation d’une certaine forme du sublime et l’engagement d’un dialogue entre les collections des deux pays.
Cette exposition fait suite à « El Estado de las cosas » montrée en Espagne (MARCO à Vigo puis ARTIUM Vitoria) d’octobre 2004 à mai 2005 et à « Des deux côtés du Rhin-Ambiance/Mouvement » présentée en Allemagne (Musée Ludwig à Cologne et K21 à Düsseldorf) d’octobre 2005 à février 2006.
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Les membres du bureau de l’association Platform :
— Jean-Paul Guy, Président du Frac Bourgogne, Président de l’association Platform.
— Jacques Rigaud, Président du Frac Aquitaine, Vice Président de l’Association Platform.
— Marie-Ange Morin, Présidente du Frac Lorraine, trésorière de l’association Platform
— Germaine de Liencourt, Présidente du Frac Île-de-France, secrétaire de l’association Platform.
Les onze Présidents fondateurs de l’association Platform à sa date de création, le 19 décembre 2005 :
— Jacques Rigaud, Président du Frac Aquitaine
— Alain Tourret, Président du Frac Basse-Normandie
— ean-Paul Guy, Président du Frac Bourgogne
— François Trèves, Président du Frac Bretagne
— Jean-Marie Panazol, Président du Frac Centre
— Jean-François Sauvaget, Président du Frac Champagne-Ardenne
— Loï;c Niepceron, Président du Frac Franche-Comté
— Jean Moyen, Président du Frac Limousin
— Marie-Ange Morin, Présidente du Frac Lorraine
— Henri Griffon, Président du Frac Pays de la Loire
— Jean-Pierre Michaux, Président du Frac Rhône-Alpes
Les six présidents dont l’adhésion à l’association Platform est prévue pour le printemps 2006
— Catherine Henri-Martin, Présidente du Frac Auvergne
— Ange Santini, Président du Frac Corse
— Germaine de Liencourt, Présidente du Frac Île-de-France
— Henri Talvat, Président du Frac Languedoc-Roussillon
— Dominique Riquet, Président du Frac Nord-Pas de Calais
— Alain Hayot, Président du Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur
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