Par Pascaline Vallée
Foutain, l’urinoir lui-même provocateur de Duchamp était exposé au Centre Pompidou quand Pierre Pinoncelli a commis son forfait, en janvier 2006. D’un coup de marteau, il a ébréché l’œuvre, qu’il avait déjà inondée d’urine en 1993.
«Ce n’est pas du vandalisme, c’est de l’art», s’est-il défendu. Son «acte conceptuel» s’est finalement soldé par une peine de trois mois de prison avec sursis assortie de 214 000 € d’amende. L’artiste a décidé de faire appel.
Pierre Pinoncelli dénonce : « Duchamp lui-même m’y avait encouragé. L’institution a fait de son urinoir le veau d’or de l’art contemporain. C’est une déviation totale de l’esprit dada. J’ai voulu inverser le processus du ready-made en rendant à l’œuvre d’art son statut de pissotière »(1).
Cette affaire repose une question indissociable de l’art contemporain: La provocation en tant que principe artistique prime-t-elle sur le statut d’objet d’art ? Décision finale le 26 janvier 2007.
(1) «Et la provoc bordel ?», Télérama n° 2952 (12 août 2006)