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14e Bourse d’art monumental d’Ivry-sur-Seine 2003

Présentation des six candidats de cette bourse : éléments biographiques et 5 à 7 photographies de leurs travaux pour se faire une idée. En sus, les modalités de participation et les précédentes sélections, année par année, depuis la création de la biennale en 1979.

— Éditeur : Crédac, Ivry-sur-Seine
— Année : 2003
— Format : 21 x 16 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 45
— Langue : français
— ISBN : non précisé
— Prix : 6 €

Présentation
par Frank Lamy

Faire partie d’un jury de sélection est un exercice étrange. Une expérience ambiguë. Dont le résultat n’est jamais pleinement satisfaisant.

Situons le cadre: des individus (cette année, nous étions sept) qui ne se connaissent pour la plupart pas, ou seulement parfois de nom, se retrouvent dans une salle pour examiner un certain nombre de dossiers: trois cent seize pour cette 14e édition de la Bourse d’art monumental d’Ivry…

Un moment d’observation, d’adaptation est nécessaire au groupe pour qu’il fonctionne. La journée d’étude commence. Les dossiers des candidats sont plus ou moins bien constitués. Parfois le travail de l’artiste est connu de tout ou partie du jury. Mais, très souvent, au moment de la commission, la seule expérience de l’œuvre passe par le dossier.

On ne dira jamais assez l’importance qu’il faut donc accorder à sa constitution… Clarté, précision et concision, mais aussi maniabilité, lisibilité sont des qualités qu’il se doit d’avoir!

C’est un exercice de démocratie. Un certain nombre d’individus vote et c’est, au final, comme partout ailleurs, la majorité qui l’emporte. Si on peut ne pas voter pour, on ne peut pas voter contre. Chacun fait jouer ses convictions. Tente plus ou moins habilement de convaincre dans un sens ou un autre.

Plusieurs rounds sont nécessaires et la journée se passe en vagues d’éliminations successives, sur le mode de l’entonnoir: 316, 100, 50, 15, 6…

Pour tout juré, il y a un certain nombre d’éléments contradictoires à prendre en compte. Le cadre: ici une bourse d’art monumental qui propose à des artistes sans exclusive de médium d’intervenir dans un espace urbain particulier. Ce qui implique de se positionner: jusqu’où décide-t-on d’aller pour respecter ou contrarier le cadre. Si, bien sûr, on sait que certains artistes posent leurs candidatures à toutes les bourses possibles et imaginables, on espère qu’ils représentent une proportion faible et que la majorité sait pourquoi elle entreprend cette démarche. Que l’articulation entre les spécificités, la dynamique du travail et celles de la bourse même ont été envisagées et réfléchies. Que de postuler à une bourse d’art monumental ne se fait pas par hasard…

Ensuite, toujours pour le juré, il faut concilier évidemment les engagements « esthétiques » individuels subjectifs (connaissance approfondie, fidélité à des engagements précédents, soutien, position esthétique, goût .. ) à une reconnaissance « objective » face à des œuvres dont on peut malgré tout reconnaître une certaine valeur.

Une des particularités de cette bourse est inscrite dans son mode de fonctionnement: le lauréat, unique (sauf en 1997), est désigné véritablement « sur pièce », puisque les six artistes sélectionnés exposent dans le centre d’art. Six artistes sans lien autre que celui d’avoir été sélectionnés pour cette bourse. Et que c’est à partir de cette exposition, qui est plus une présentation d’œuvres qu’une exposition collective que s’effectue le choix final…

(Texte publié avec l’aimable autorisation de Frank Lamy des éditions du Crédac)

L’auteur
Frank Lamy est critique d’art.

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