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En visite à Shanghai, le ministre a repris les propos tenus par le Président Jacques Chirac sur l’enjeu de la diversité culturelle en tant que réplique à l’hégémonie américaine (lire l’écho du 8 oct. 2004), précisant qu’un cadre de discussion parallèle à l’OMC devait être développé.
Ce cadre n’est autre que le Réseau international sur la politique culturelle (RIPC) qui pousse ses 50 pays membres à adopter, lors de la prochaine conférence générale de l’UNESCO en 2005, « une convention sur la protection de la diversité des contenus culturels et des expressions artistiques ». Cette convention, d’un enjeu majeur, permettrait par exemple aux pays membres de mettre en place un système de quota sur les biens culturels ou de subventionner considérablement leur culture nationale. Toutefois…
Si l’esprit humaniste de l’UNESCO est évident, l’approche du RIPC est plus obscure. En effet, l’UNESCO vise, depuis sa création en 1946, à favoriser l’alphabétisation, la diffusion de l’enseignement obligatoire et gratuit, la lutte contre le racisme, la défense des droits de l’homme, la recherche scientifique et la préservation du patrimoine culturel mondial. Pour devenir membre du RIPC, il est simplement exigé d’être membre de l’UNESCO ou de posséder un ministre national de la Culture ou son équivalent. Le premier aspire à la paix par l’éducation et l’enseignement des peuples, tandis que le second vise à devenir une force économico-culturelle.
Lorsque les Etats-Unis ont quitté l’organisation de l’UNESCO en 1984, ils lui reprochaient sa trop grande politisation et son manque d’efficacité. Les choses ont changé depuis : ils y sont revenus en 1999 et la France tient de plus en plus à son exception culturelle. La démarche est louable de la part du gouvernement français, qui défend plus qu’aucun Etat sa culture nationale et sa diversité. Mais à vouloir aller trop loin sur le terrain de la lutte économique, la culture française, qui n’est pas « un bien de consommation comme les autres », perdra de son caractère exceptionnel. Même si, il est vrai, elle reste un bien de consommation quand même.