Présentation
Direction éditoriale : Marie Villemin
12e Biennale de l’Image en mouvement
Ce catalogue richement illustré revient sur la 12e édition de l’une des plus anciennes et importantes manifestations en Europe consacrées aux films d’artistes, qui a eu lieu du 12 au 20 octobre 2007 au Centre pour l’image contemporaine de Saint-Gervais, Genève.
Cette publication présente des rétrospectives de réalisateurs tels que Pedro Costa, Robert Morin et Stavros Tornes, ainsi que d’artistes comme Joan Jonas, accompagnées d’essais. Elle contient également une sélection de travaux de Johanna Billing, Pierre Huyghe, Martha Rosler, Fiona Tann, David Claerbout et Beat Streuli, avec des textes d’historiens, de spécialistes du cinéma et de critiques.
Extraits de la préface d’André Iten, directeur artistique
«La Biennale de l’Image en mouvement consacre pour la douzième fois une attention particulière à ce(s) cinéma(s) qui entreprennent d’une manière plus ou moins définie et équivoque une relation aux arts plastiques et visuels, s’inscrivant ainsi dans les interstices multiples de l’art contemporain.
Cette aventure, commencée en 1985, ne s’est pas faite sur les certitudes d’une mission à accomplir mais au contraire sur cette nécessité ressentie de préserver et de développer un espace qui laisserait place à toutes les formes questionnantes et approximatives des images en mouvement. Mais au-delà d’y montrer les œuvres significatives de ces recherches c’est aussi l’impression d’être, nous-mêmes, organisateurs, dans un processus en mouvement qui nous oblige à une mobilité et une ouverture critique à nos propres définitions. Qu’est-ce aujourd’hui qu’un cinéma de recherche (auquel il faut éviter d’accoler le mot expérimental) ? Qu’est-ce qu’un film d’artiste (ou qui revendiquerait ouvertement une position artistique) ? Qu’est-ce qu’un film différent ? Quels sont ces désirs de fusion voire de confusion des genres qui relient aujourd’hui certaines pratiques du cinéma avec celles de l’art contemporain ? Plutôt que de répondre à ces questions il nous paraît davantage nécessaire de proposer avant tout mais obstinément une visibilité intelligente des œuvres. C’est-à -dire de contextualiser un rapport public aux œuvres.
Il s’agit donc de faire des choix esthétiques, de mettre en forme l’agencement d’une manifestation qui tente de faire un état des lieux, voire un état de la question, justement à partir de questions qui ne sont pas posées car elles ne peuvent venir et trouver réponses, qu’après l’expérience exigeante du regard. C’est donc sur ce paradoxe qu’il s’agit de construire une histoire visible et un supplément à cette histoire de cinéma(s). […]
La Biennale a pris volontairement le parti des cinémas en marge de la production audiovisuelle surconsommée et aux esthétiques formatées par les médias de masse. Elle veut défendre ce cinéma élargi (expanded cinema) comme la recherche audiovisuelle la plus féconde et nécessaire à la pratique artistique des images. Il en va de l’avenir du cinéma comme de celui de l’art contemporain.»