La Fondation HCB tire la sonnette d’alarme au sujet des ventes de photographies d’Henri Cartier-Bresson, dont elle gère le fonds. De son vivant, le photographe avait bien souligné que les images tamponnées «Magnum Photos» ou signéeS de son nom lui appartenaient en propre.
Cependant, on a assisté dans les ventes aux enchères à une multiplication des propositions de clichés de Cartier-Bresson non signés de sa main mais tamponnés. Les ventes de ces tirages atteignent des sommes considérables, comme Aragon, Spain, 1953 acquis 12000 dollars en février dernier chez Christie’s à New York. Dans un cas plus litigieux encore, deux tirages mis aux enchères par la maison Swann à New York le 22 mai se sont vus apposer de fausses signatures.
Kristen Van Riel, le vice-président de la Fondation HCB, dénonce un détournement de ces images et s’inquiète de leur vente. Cette divulgation des photos «non-officielles» de Cartier-Bresson s’explique en grande partie par le rôle de l’Agence Magnum. Ces clichés destinés au presse du monde entier étaient prêtés sous réserve d’être renvoyés à l’Agence. Or nombre d’entre eux n’ont jamais été retournés à l’envoyeur. Avec l’explosion du marché de la photographie dans les années 80, ces photos «perdues» ont soudain retrouvées une nouvelle valeur.
En invoquant la violation du droit d’auteur, la Fondation HCB invite les vendeurs à restituer les photographies tamponnées. Si Christie’s a refusé de retirer de la vente la photo Aragon, Spain, 1953 en avançant que «son propriétaire l’avait acquise de bonne foi», la Maison Artcurial pour sa part a accepté les appels de la Fondation HCB en enlevant deux clichés non signés de la vente du 20 février dernier. Toutefois cette même maison n’hésite pas à proposer dans sa vente du 15 et 16 mai deux épreuves réalisées en Chine qui laissent septique la Fondation HCB.
La défense des droits de l’auteur pour les uns, la crainte de voir s’effondrer le marché de la photographie en France au profit des places étrangères pour les autres: le débat reste ouvert …