Dans le cadre de l’édition 2017 du «Festival d’automne à Paris», Boris Charmatz présente 10000 gestes, une pièce pour vingt-cinq danseurs présentée pour la première fois en France.
10000 gestes : répétition et singularité
L’intention première de Boris Charmatz se laisse ici apercevoir au travers de son titre même. Cette nouvelle pièce, qu’il appelle une «forêt chorégraphique», n’est autre que la négation de la répétition du geste. Véritable défi chorégraphique, 10000 gestes seront exécutés par chacun des interprètes, chaque geste ne pouvant être répété par aucun autre. A la multiplicité des mouvements doit répondre leur irréductible singularité exprimant la nature fugace de la danse.
10000 gestes prolonge en quelque sorte une pièce de Boris Charmatz créée en 2010, Levée de conflit, présentée dans sa version longue de cinq heures au Museum of Modern Art de New York. Levée de conflit se jouait de l’idée même de répétition, Boris Charmatz voulant alors atteindre à une certaine forme d’immobilité, sorte de «sculpture chorégraphique» résultant de la répétition de gestes en transformation constante. De l’apparence de la répétition devait naître l’impression de staticité. 10000 gestes, au contraire, entend atteindre une extrême mobilité portant en elle-même la particularité du geste.
10000 gestes : la «concentration extrême du regard»
Mettre en oeuvre une chorégraphie de 10000 gestes. Conduit à bien, ce simple programme conduit chacun des vingt-cinq danseurs à exécuter quatre-cents gestes. La vitesse d’exécution est alors essentielle et contribue certainement à donner au spectateur une impression de profusion. La rapidité d’exécution est à l’origine d’un «précipité des gestes» dont Boris Charmatz confie avoir fait l’expérience : «Je cherchais à isoler des gestes, des séquences, et les gestes que j’arrivais à saisir se dessinaient d’autant plus. J’arrivais peut-être à en saisir moins que lorsqu’ils dansaient lentement, mais l’effet, l’impact qu’ils produisaient était beaucoup plus fort».