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1000 Plateaux-repas. Etude en moyenne montagne.

L’œuvre Mille Plateaux-repas de Stéphane Bérard, réalisée in situ, dans les Alpes de Haute-Provence et dans le cadre du programme européen Alcotra est au cœur de ce livre joliment illustré et composé de textes la questionnant, non sans humour, elle, mais également l’ensemble de la démarche de Stéphane Bérard.

Information

Présentation
Stéphane Bérard, Natacha Pugnet, Nathalie Quintane, Nadine Gomez-Passamar
1000 Plateaux-repas. Etude en moyenne montagne.

Les Alpes de Haute-Provence sont l’un des terrains d’expérimentation de Stéphane Bérard. Il les connaît bien et depuis longtemps.

Sur ce territoire, il ne s’agit pas seulement pour lui de valoriser un paysage, d’en exalter la beauté ou les failles, d’y attirer les touristes ou d’en consoler les habitants. Les œuvres imaginées et l’œuvre réalisée in situ, Mille Plateaux-repas, ont comme point commun le constant souci de l’usage qu’on pourrait en faire, et le regard qu’elles appellent n’est jamais coupé d’une pensée pratique –et d’une réflexion sur nos habitudes, nos routines.

Ces œuvres s’adressent au passant, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs.

Mille Plateaux-repas
est en ce sens emblématique.

Ces tables de pique-nique, tellement vues qu’on ne les voit plus, brutalement soulevées par un tremblement de terre anticipé, nous projettent dans un futur déjà passé, qui est la temporalité propre de la Réserve géologique demain, c’est hier.

Les terres les plus anciennes, retournées, couvrent les plus récentes.

L’œuvre de l’artiste produit un déséquilibre à la fois physique et mental qui ne peut que nous renvoyer aux bouleversements géologiques, au sens dessus-dessous du temps –elle le fait avec un humour certain, qui ne doit pas exclure une relative gravité.

Car l’humour est bien l’autre trait commun des projets présentés ici: de la première pierre du pilier autoroutier tronçon Digne-les-Bains-Caraglio, à l’hommage aux raveurs transfrontaliers, le travail de Bérard sollicite nos réactions, nos parti pris.

Ce faisant, il nous amène à porter un autre regard sur ce qui existe déjà, sous nos yeux, un autre regard sur la ville, un autre regard sur le territoire: ce qui semblait naturel ne l’est plus, ce qui allait de soi devient surprenant. L’art n’est alors plus séparable d’une vision critique.

«— Oui, pourquoi avoir choisi du mélèze plutôt que du pin?
— est-ce que d’utiliser du pin (plutôt que du mélèze) desservirait ton projet? — ton projet:

trois tables de pique-nique –de pique-nique– standard, malencontreusement posées sur une pente, si bien que si vous voulez réellement y pique-niquer, vous vous verrez contraint de compenser du tronc (haut du corps) la pente, adoptant une position scoliotique –votre dos formant avec la pente un angle aigu–, position qui ne rectifierait pas même une scoliose antérieure (cet art n’est pas un soin) mais l’aggraverait, et la sensation de toujours glisser vers le bas (de la pente) qu’on rattrape en crispant involontairement une fesse, tout entier dans cette fesse en adhérence avec le bois de mélèze, puisque le mélèze a été choisi plutôt que le pin (mais pourquoi?).» (Nathalie Quintane, Le Drame du pique-nique, extrait)

Stéphane Bérard, artiste français né à Lille en1966, développe une œuvre polymorphe où l’invention est un mode d’intervention critique. Tous les secteurs que l’art a investi au tournant du siècle (design, mode, architecture, cinéma, son, écriture) y sont explorés. Stéphane Bérard vit et travaille à Paris.

Coédition Musée Gassendi, Cairn-Centre d’art – Réserve naturelle géologique de Haute-Provence, Editions Yellow Now

Sommaire
— Nadine Gomez,
Avant-propos
Premessa
— Nathalie Quintane,
Le Drame du pique-nique
Illustrations/ Illustrazione
Il dramma del picnic
— Stéphane Bérard
Une expérimentation mais propre sur les côtés
Illustrations/ Illustrazione
Una speritamentazione ma pulita sui lati
— Natacha Pugnet
Stéphane Bérard ou l’art de la bémolisation
Illustrations/ Illustrazione
Stéphane Bérard, ovvero l’arte del bemollizzare

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