Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la Communication,
Jean-Marie Rausch, président de la Communauté d’Agglomération de Metz Métropole, maire de Metz, ancien ministre,
Bruno Racine, président du Centre National d’Art et de Culture Georges Pompidou ont posé le 7 novembre 2006 la première pierre du Centre Pompidou-Metz.
Depuis plusieurs années, le Centre Pompidou engage un mouvement de décentralisation. Œuvres prêtées et expositions nomades sont désormais accueillies en province. L’implantation à Metz s’inscrit dans cette dimension régionale, tout en poursuivant la politique d’ouverture européenne du Centre.
La Maison du Projet, inaugurée en juin 2006, permet d’ores et déjà d’observer le chantier depuis son belvédère. De nombreuses maquettes et informations sur la future programmation y sont disponibles.
Les caractéristiques du projet
— Le Centre Pompidou-Metz sera situé dans le quartier de l’Amphithéâtre, proche de la gare TGV et du centre-ville de Metz. Il est la pièce maîtresse d’un programme de requalification urbaine confié à Nicolas Michelin, architecte-urbaniste.
— Le bâtiment est conçu par les architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines.
— La programmation de la future institution et le choix des œuvres présentées seront réalisés en étroite collaboration avec le Centre Pompidou et les collections du Musée national d’art moderne (Mnam).
Discours de Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la communication, prononcé lors de la cérémonie
Madame, chère Claude Pompidou,
Monsieur le Ministre, Monsieur le Maire de Metz, Président de la Communauté d’Agglomération de Metz Métropole, cher Jean-Marie Rausch,
Monsieur le Vice-Président du Conseil régional de Lorraine,
Monsieur le Vice-Président du Conseil général de Moselle,
Monsieur le Président du Centre national d’art et de culture Georges Pompidou,
cher Bruno Racine,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
[…]
La première pierre que nous posons ensemble aujourd’hui est celle de la fondation d’un édifice qui exprime cette confiance en l’avenir, en prolongeant cet acte de foi. C’est celle de la première décentralisation d’un établissement public culturel en France, avec celle du Louvre à Lens, dont le chantier est déjà entamé.
J’y vois le signe d’une volonté très forte de l’Etat et de nos plus grandes institutions de diffuser plus largement leurs oeuvres sur tout le territoire, en créant non pas de simples antennes, mais de véritables nouveaux lieux de culture.
Le Centre Pompidou-Metz s’appuiera sur les si riches collections du Centre Pompidou et du Musée national d’art moderne en particulier. Mais il ne sera pas une simple réplique de la « maison mère », il en sera une émanation innovante, qui transposera à Metz ce qui a fait la réussite du Centre à Paris. Les collections d’art moderne et contemporain, bien entendu, en premier lieu, mais aussi une programmation ambitieuse, pluridisciplinaire, multiculturelle, ouverte à tous les publics, à toutes les générations, à toutes les créations et – pourquoi pas ? – à la confrontation des oeuvres et des regards de toutes les époques, dans cette ville où s’est forgée l’histoire de l’Europe. Avec sa vie et son identité propres, cette nouvelle institution s’intégrera pleinement à la ville de Metz, à la communauté d’agglomération de Metz-Métropole, au département de la Moselle, à la Région Lorraine, tout en étant tournée vers ses voisins européens. Vous montrerez ici combien la culture est un levier fantastique pour le développement d’une ville et d’une région, un facteur formidable d’attractivité, de rayonnement, et de lien social. J’ajoute que l’élu de Tours que je suis est un peu jaloux de la ville de Metz !
Ce nouveau lieu de culture est résolument tourné vers l’avenir, la création et l’innovation, comme en témoigne le bâtiment exceptionnel imaginé par Shigeru Ban, dont la liberté, l’inventivité, mais aussi le respect de l’environnement comme de l’homme, président à toutes les créations, et Jean de Gastines, avec lequel il collabore pour toutes ses réalisations en France.
Depuis leur studio de travail, installé sur la terrasse du 6e étage du Centre Pompidou, ils nous proposent un geste architectural audacieux, puissant, à l’image, et à la hauteur, de l’institution qui l’a inspiré. Leur édifice de verre, de métal, d’acier et de bois, tout en transparence et en légèreté, symbolise l’ouverture, le brassage des cultures cher au Centre Pompidou, mais aussi la proximité avec l’environnement. Une proximité recherchée et revendiquée, grâce à la Haute Qualité Environnementale du bâtiment, qui prouve par l’exemple, combien la culture est au coeur du développement durable, comme le Président de la République en avait eu l’intuition, dès le sommet de Johannesburg en 2002.
Avec ses espaces d’exposition de 5000 mètres carrés, présentant des oeuvres de toutes les disciplines – peintures, sculptures, installations, vidéos, films, maquettes d’architecture, design –, mais aussi son auditorium, qui permettra l’organisation de conférences et de projections, son studio de création, dédié au spectacle vivant et aux installations, sa librairie-boutique et son restaurant, le Centre Pompidou-Metz sera avant tout un véritable lieu de vie, de rencontres, de découverte. Un lieu unique en France et en Europe.
Je tiens à féliciter toutes les équipes et tous les talents qui s’y consacrent dès aujourd’hui, au premier rang desquels je tiens à citer Alfred Pacquement, Directeur du Musée national d’art moderne, et bien sûr, Laurent Le Bon, conservateur au Centre Pompidou et l’un de nos plus éminents spécialistes d’art moderne et contemporain, qui se dévoue à ce projet.
Comme le disait Pontus Hulten, ancien directeur du Musée national d’art moderne du centre Georges Pompidou, et l’une des figures majeures de la vie artistique du XXe siècle, qui vient de disparaître, «le premier souci d’un conservateur, (…) doit être de se constituer un public. C’est une démarche passionnelle. Il faut, pour s’insérer dans la texture sociale d’une communauté, employer tous les moyens et toutes les stratégies. Il faut surtout aimer le public qui perçoit par toutes sortes de signes, pas obligatoirement identifiables, ce qui lui est offert. L’une des grandes inventions du Centre, par exemple, ce fut l’ouverture jusqu’à 10 heures du soir. Avant cela, on allait au musée entre deux activités. Là , on terminait sa journée au musée, ce qui fut l’un des éléments du succès ». C’est dire combien le fonctionnement, le projet artistique et culturel ne sont pas séparables de l’édifice que vous allez bâtir ici.
Au sein du nouveau quartier de l’Amphithéâtre, à côté de la gare TGV et en lisière du centre ville, le Centre Pompidou-Metz marquera en effet la présence de la culture au coeur de la cité. Il constituera la pièce maîtresse d’un programme de requalification urbaine ambitieux, confié à l’architecte-urbaniste Nicolas Michelin.
Le quartier de l’Amphithéâtre, tel qu’il l’a conçu, réalise une véritable utopie urbaine, qui fera de ce quartier hier en friche un pôle d’excellence, respectueux de l’environnement, convivial et à la pointe de l’innovation. Education, économie, culture, environnement : ce nouveau Centre, ce nouveau quartier, seront le symbole vivant de l’audace et de la création, de la France de l’intelligence, de l’attractivité de notre pays, au cœur de l’Europe.
Je me félicite de cette ambition, à la fois européenne, régionale et urbaine, et je suis très heureux que l’État, et en l’occurrence le ministère de la Culture et de la Communication, ait soutenu cette très belle aventure. Et, je le disais tout à l’heure, la clé de la réussite de ce très beau projet réside dans la passion qui anime chacun de ses partenaires, et la force des liens qui les unissent.
Je tiens à saluer chaleureusement Jean-Marie Rausch, tout particulièrement, Maire bâtisseur et visionnaire de la Ville de Metz, mais aussi la Communauté d’agglomération, le département de la Moselle et la Région Lorraine, leurs élus, leurs équipes, qui ont rendu cette belle utopie réalisable, en ne ménageant pas leur soutien et en témoignant de la force permanente et créatrice du dialogue et de la volonté collective. A l’heure de poser cette première pierre, je suis heureux que ce dialogue entre tous les partenaires se poursuive, afin que nous donnions, ensemble, à cette nouvelle institution, tous les moyens de se développer pleinement, conformément à l’ambition dont elle est le symbole.
Parmi les projets de proximité qui font écho au nouveau Centre et qui entrent en résonance avec lui, je suis particulièrement sensible à la volonté des élus d’engager bientôt la construction d’une vaste médiathèque, à l’échelle des besoins de l’agglomération et de la région Lorraine, aussi bien en matière de lecture publique que de valorisation des collections patrimoniales. Je peux aujourd’hui vous confirmer que cet ambitieux projet, le moment venu, a vocation à recevoir un soutien significatif de l’Etat, dans le cadre du dispositif spécifique destiné au financement des opérations d’intérêt national ou régional, dispositif dont j’ai soutenu la création, au travers de la réforme des aides de l’Etat aux bibliothèques territoriales.
Et parce que le Centre a vocation à tisser des liens, à créer des synergies fécondes avec les autres lieux qui font la fierté de cette région, je salue également tous ses partenaires culturels, l’Arsenal et les Musées de la Cour d’or, à Metz, mais aussi, à l’échelle départementale, les centres d’art, et notamment la synagogue de Delme, et au niveau régional, le FRAC Lorraine, sans oublier le très beau Musée des beaux-arts de Nancy, spécialisé dans le XXe siècle.
Je suis également convaincu que le Centre Pompidou-Metz saura tisser des liens féconds avec le Musée de la Sarre, à Sarrebruck, où j’ai eu la chance d’inaugurer l’exposition «Étrangement proche», en juin 2004, ainsi qu’avec le Musée d’art moderne de Luxembourg, qui font aussi partie de cette belle aventure européenne, de cette grande ambition culturelle.
Je vous remercie.