Vendredi 6 et samedi 7 octobre, le capc / Musée d’art contemporain de Bordeaux accueillera un colloque centré sur Georges Didi-Huberman et son oeuvre. Enseignant à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, historien de l’art et philosophe, celui-ci se penche depuis le début des années 80 sur l’étude des images. Auteur de nombreux ouvrages, il a forgé des théories souvent audacieuses, fruits de ses connaissances dans divers domaines.
Autour de la question centrale « Qu’est-ce que regarder veut dire ? » plusieurs domaines seront abordés. « L’art et les arts », « philosophie et sciences sociales », « histoire de l’art et anthropologie des images » seront autant de sujets d’étude, examinés sous l’égide de Georges Didi-Huberman. L’événement aura lieu à l’Entrepôt, en collaboration avec le Groupe de recherche Artes et l’Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3.
« Devant l’Art »,
cacp, Musée d’Art contemporain, Entrepôt 7, rue Ferrère, 33000 Bordeaux.
05 56 00 81 50
capc@mairie-bordeaux.fr
Programme
Vendredi 6 octobre
14h30 Accueil par Charlotte Laubard
Directrice du capcMusée d’art contemporain
Maurice Fréchuret
Directeur des Musées Nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes
Introduction
A rebrousse-poil ou le paradoxe comme méthode
Même si l’image et ses implications sont l’objet principal de ses nombreuses études, la multiplicité des champs théoriques dans lesquels travaille Georges Didi-Huberman forme déjà un scandaleux paradoxe eu égard au mouvement accru des spécialisations un peu partout à l’œuvre. De surcroît, dans le choix de ses interrogations comme dans les méthodes utilisées, il tente, comme l’a suggéré Benjamin, de « brosser à contre sens le poil trop luisant de l’histoire ». Nous essaierons de mettre en évidence la pertinence de ces points de vue décalés.
15h L’art et les arts(Modérateur Thierry Davila)
Jean-Pierre Criqui
Critique d’art et rédacteur en chef des Cahiers du MNAM, Centre Pompidou.
Blues for Georges
En hommage notamment aux travaux de Georges Didi-Huberman sur le flamenco et le cante jondo, il s’agira, à partir de l’exemple du jazz et plus précisément de la place de la guitare dans ce champ musical, de proposer quelques réflexions sur les notions d’enregistrement, de technique du corps,d’improvisationet de figure.
16h Didier Semin
Professeur à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, Paris
Grenouillages
Dans l’ordre de l’évolution, la grenouille est très loin de nous, mais, morphologiquement, elle nous ressemble beaucoup. Une ressemblance paradoxale, conjuguant le proche et le lointain, qui vaut à ce petit amphibien une place de choix dans l’imagination populaire et dans celle des artistes. On suivra quelques unes de ses métamorphoses, en hommage aux recherches transversales de G. Didi-Huberman.
17h Philippe-Alain Michaud
Conservateur au Centre Pompidou chargé de la collection des films du MNAM
Survivances filmiques
Il s’agira de projeter une bobine de 16mm. de Bits and Pieces,provenant de la collection du Nederlands Filmmuseum et de travailler sur l’opérativité du concept de Pathosformelnwarburgien pour réfléchir sur les formes cinématographiques, en repartant de son élaboration par Georges Didi-Huberman.
18h Pascal Convert
Artiste
Dialogue avec Georges Didi-Huberman
Samedi 7 octobre
Philosophie et sciences humaines
(Modérateur Bernard Vouilloux)
9h30 Mathilde Girard
Doctorante en philosophie à l’Université de Paris VIII, psychologue psychothérapeute
«Faire de sa pensée une guerre» : montages du sacrifice chez Georges Bataille
Le sacrifice est le nom chez Bataille d’un immémorial des images et de la politique dans la souveraineté indépassable de l’effusion du sang et de l’ouverture des corps. On évoquera la trajectoire de ces sacrifices dans différents moments de l’œuvre de Bataille. Nous discuterons donc essentiellement à partir de l’ouvrage de Georges Didi-Huberman: La Ressemblance informe ou le gai savoir visuel selon Georges Bataille.
10h30 Elie During
Professeur de philosophie à l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Lyon.
Le bergsonien malgré lui
Dans l’essai qu’il consacre à Marey à l’occasion d’une exposition au Musée d’Orsay, Georges Didi-Huberman montre que les dispositifs chronophotographiques sont, bien plus que des instruments de mesure du mouvement, de véritables machines à intuition. Par les moyens même du mécanisme, ces machines rendent sensible la fluence où Bergson voyait le schème de toute durée. On partira de là pour formuler une question plus générale, qui s’adressera à Georges Didi-Huberman : peut-on être bergsonien (ou deleuzien) malgré soi ?
11h30 Pierre Sauvanet
Maître de conférences en esthétique, Université Michel de Montaigne- Bordeaux III.
Didi-Huberman philosophe?
La question ne se veut pas provocante : elle vise à interroger la posture de l’auteur à travers l’ensemble de son oeuvre de recherche. Historique (de l’art et d’ailleurs), critique (d’art et d’autres), esthétique à sa manière, élégante et unique, l’oeuvre de Georges Didi-Huberman est en effet et d’abord celle d’une étonnante «utopie»de chercheur. On s’interrogera notamment non seulement sur le rapport de l’oeuvre de Georges Didi-Huberman à la philosophie, mais tout simplement sur la philosophie de Georges Didi-Huberman.
Histoire de l’art et anthropologie des images
(Modérateur Pierre Sauvanet)
14h Thierry Davila
capcMusée d’art contemporain
Histoire (générale) de l’art, histoire des œuvres : Georges Didi-Huberman avec Marcel Duchamp
Une des distinctions qui traversent le travail de Georges Didi-Huberman est celle de l’histoire de l’art au sens du génitif objectif (histoire – générale – de l’art) et au sens du génitif subjectif (histoire des oeuvres interprétant d’autres oeuvres), la seconde jouissant d’une prééminence par rapport à la première. Il s’agira de pointer les conséquences théoriques de cette distinction – et de la négation implicite qu’elle suppose – notamment à partir de l’exemple de Marcel Duchamp auquel Georges Didi-Huberman a consacré une étude.
15h Bernard Vouilloux
Professeur de langue et de littérature françaises modernes et contemporaines,Université Michel de Montaigne-Bordeaux III.
Saint Georges à la croisée des chemins.
Question posée aux fins d’une anthropologie des images La façon dont Georges Didi-Huberman met au travail la notion d’indice constitue à n’en pas douter l’une des pistes de recherche les plus aisément identifiables et les plus fécondes de sa réflexion sur les images. On se propose de remonter jusqu’à la grande bifurcation qu’a ouverte sa lecture de Freud et de Warburg et d’analyser les raisons de la résistance qu’il n’a cessé d’opposer à l’interprétation que Carlo Ginzburg proposait en 1980 d’un «paradigme indiciaire»dans lequel s’inscriraient, entre autres, non seulement Freud et Warburg, mais aussi Conan Doyle, Morelli, Bertillon et Galton. Qu’est-ce qui est en jeu à travers ces deux lectures?
16h Dominique Paï;ni
Critique
La projection de soi ou comment les films se font de l’ombre
Georges Didi-Huberman a évoqué le motif de l’ombre y compris à l’occasion de sa lecture de l’œuvre de Claudio Parmiggiani. L’intervention se propose de voyager à travers quelques jalons de l’histoire du cinéma dont certains chefs-d’œuvre de l’art du film qui expérimentent les conséquences dramaturgiques et plastiques de la projection du corps qu’est l’ombre.
17h30 Conclusion des débats.