Raphaëlle Delaunay
Vestis
Horaires : 20h30, dimanche 15h, relâche le lundi
— Chorégraphie : Raphaëlle Delaunay
— Interprétation : Raphaëlle Delaunay, Agathe Delabre, Beñat Achiary (chant)
— Electroacousticien : Pierre Boscheron
— Costumes : Agathe Delabre, Raphaëlle Delaunay
— Lumière : Jérôme Delporte
Le parcours de Raphaëlle Delaunay est impressionnant. Interprète à l’Opéra de Paris puis chez Pina Bausch, Jiri Kylian et Alain Platel, chaque expérience est pour elle l’occasion d’expérimenter différents langages chorégraphiques, de se les approprier pour constituer peu à peu son propre vocabulaire. Là où beaucoup d’autres danseuses se seraient contentées de suivre une brillante carrière dans le giron des plus grandes compagnies, Raphaëlle Delaunay a préféré affirmer sa propre voix. Une voix singulière qui s’attache avant tout à cerner les enjeux propres aux identités contemporaines.
Passer à la chorégraphie signe donc son désir de questionner le monde dans lequel elle évolue, de s’y confronter en observant comment les êtres se révèlent par l’intermédiaire de signes identitaires et de gestes codifiés à l’extrême. En utilisant le vêtement comme révélateur de nos pulsions les plus intimes, Raphaëlle Delaunay inverse peu à peu les logiques d’observation qui consistent d’ordinaire à ne s’intéresser aux vêtements que pour ce qu’ils produisent comme images artificialisées du corps. En observatrice exigeante, elle s’intéresse au corps à travers ce qu’il noue comme dialogue social dans une culture qui préfère les accessoires à la représentation de l’intime. Les images éphémères qui émergent de ces représentations du corps s’étirent dans le temps. Elles s’installent, s’effacent progressivement, reviennent encore, démontrant qu’il est impossible d’exister sans créer des échanges entre les histoires du passé, leur actualisation dans le présent et ce qu’elles laissent présager du futur.
Vestis est une pièce sur la fragilité et sur la vulnérabilité provoquées par ces allers-retours permanents entre soi et la manière dont on s’expose, dont on décide d’apparaître vers l’autre ou pas. Une pièce qui tisse et détisse les différents modes de relation aux autres — incarnés par le trio de la danseuse, de la costumière et du chanteur — et leurs rapports au pouvoir. Une exploration forcément violente et émouvante qui invite le spectateur à éprouver son propre corps en lien avec la culture et la société qui le façonnent.