L’exposition « Portraits officiels » à la Flair Galerie, à Arles, présente des photographies de Sylvie Huet dont les sujets sont des ours en peluche, en tant que témoins de parcours de vie, porteurs de traces et de mémoire.
Sylvie Huet réalise les Portraits officiels d’ours en peluche
Les photographies de Sylvie Huet forment des Portraits officiels d’un caractère particulier puisque les figures qu’ils fixent sont celles d’ours, lapins ou autres chiens en peluche élimés, déchirés, rapiécés. Cette première série photographique de Sylvie Huet prend sa source dans son histoire personnelle, lorsqu’un dimanche, alors qu’elle est âgée de quarante-neuf ans, elle retrouve par hasard dans une foire à la brocante l’ours en peluche de son enfance.
Relatant son histoire, Sylvie Huet découvre combien elle trouve un écho chez d’autres personnes. Ses retrouvailles avec son ours en peluche deviennent alors le déclencheur d’une réflexion autour de cet objet familier et de sa forte charge émotionnelle, biographique et mémorielle. La peluche constitue la mémoire de la personne qu’il a accompagnée dans l’enfance : comme elle, il rassure par sa présence latente et silencieuse et il rappelle par ses marques diverses des épisodes vécus. En tant que porteuse de souvenirs, chaque peluche agit comme une archive photographique.
La série Portraits officiels de Sylvie Huet ouvre une nouvelle porte sur l’intime
Alors que Sylvie Huet souhaite devenir photographe professionnelle, avec pour centre d’intérêt principal l’intimité des gens, leur vie et les lieux où elle s’inscrit, l’ours en peluche constitue l’objet idéal pour se lancer dans sa première série. En effet, de nombreux adultes conservent près d’eux l’ourson de leur vie et certains ont même inspiré des célébrités. C’est ce que l’on découvre à travers la série Portraits officiels. Un ours au poil râpé, dont la tête porte des traces de maquillage, rouge à lèvres au bout du museau et crayon au dessus des yeux, et dont le torse porte deux ronds de papiers figurant une poitrine, est placé contre une pile de valises dont se glisse une pièce de lingerie féminine. Il s’agit de Nana, 60 ans. Confident de Jean Paul Gaultier, photographié à Stockholm en 2013.
Photographié sur une plage, avec la mer en arrière-plan, un vieux chien fatigué se révèle être Rac, 81 ans. Confident de Michel Caté. Ailleurs, Belours + Agneaudoux, 55 ans. Confidents d’Hervé Guibert se tiennent enlacés devant un livre de photographies de l’écrivain. En faisant poser chacune de ces peluches devant son objectif et en les mettant en scène, Sylvie Huet en a fait un type et offre une galerie de « portraits officiels » qui leur offre une seconde vie et leur accorde la place qu’elles méritent : accrochées au mur, parmi les autres membres de la famille.