L’exposition « More Sweetly Play the Dance » au pôle de photographie Stimultania de Strasbourg présente une installation de l’artiste sud-africain William Kentridge. Une œuvre immersive qui nous confronte directement aux enjeux migratoires contemporains.
Une installation visuelle et sonore de William Kentridge
L’installation More Sweetly Play the Dance est typique des formes créatives que développe William Kentridge. Mêlant musique, théâtre d’ombres, danse, performance et dessin, l’œuvre est fidèle à sa conception d’art total qui jette des ponts entre les arts plastiques, la musique, l’opéra et le cinéma.
Composée de sept projecteurs vidéo et de quatre mégaphones, l’installation orchestre une sorte de dans macabre projetée sur les murs d’une vaste salle plongée dans le noir. Formant une longue frise tel un panorama dans lequel nous sommes immergés, une suite de figures humaines et de machines défile sous nos yeux. Un air tonitruant à la tonalité mineure l’introduit et une musique accompagne leur progression.
William Kentridge propose une immersion dans les réalités migratoires actuelles
Les formes humaines ne sont que des silhouettes, ombres projetées à contre-jour parmi lesquelles on distingue des musiciens maniant leurs instruments, des danseurs en pleine action, des travailleurs qui semblent ployer sous la masse qu’il doivent porter et des malades qui avancent en tenant un pied à perfusion. A ces figures humaines s’ajoutent des machines métalliques familières de l’univers de William Kentridge, tracées au fusain.
L’installation More Sweetly Play the Dance est une saisissante immersion visuelle et sonore dans les réalités migratoires actuelles. La lente progression des figures, dont la projection en ombre annule tout signe distinctif et identité, renvoie à la marche semblable des réfugiés fuyant leurs pays pour atteindre l’Europe. La musique et la danse sont les marqueurs d’une avancée au dénouement incertain mais toujours guidée par l’espoir d’une vie meilleure : ils sont l’expression de l’instinct de survie.