L’exposition « Le monde selon Topor » à la Bibliothèque nationale de France propose une rétrospective de l’œuvre de Roland Topor. Environ trois cents pièces rendent compte de la grande diversité de la production de ce grand dessinateur du vingtième siècle : des dessins humoristiques et des illustrations pour la presse et l’édition côtoient des affiches, des décors et costumes de théâtre, des livres, des enregistrements d’émissions télévisées et des films d’animation.
Le monde selon Topor : humour subversif et avant-garde artistique
Le parcours est organisé en quatre parties dans lesquelles sont réunis de nombreux dessins originaux issus pour la plupart de collections privées et des éditions appartenant à la BnF qui possède le plus grand fonds de publications, d’estampes et de livres de Roland Topor. Cette rétrospective dévoile ainsi une œuvre essentiellement de papier qui se déploie du dessin à l’écriture.
Les deux premières parties de l’exposition sont consacrées aux dessins de Roland Topor pour la presse et à ceux d’illustration pour l’édition. C’est en effet à travers ses dessins d’humour publiés la fin des années 1950 dans les journaux que Roland Topor commença à se faire connaître. On découvre ainsi ses premiers dessins qui furent notamment publiés dans la revue d’inspiration dadaïste et surréaliste Bizarre. Des œuvres qui imposent déjà l’humour noir, volontiers violent, intellectuel et psychologique de Roland Topor. En témoignent plusieurs dessins réalisés pour le journal satirique Hara-Kiri de 1961 à 1966, comme une série de visages abîmes dont certains furent utilisés pour la première campagne d’affichage en kiosque du journal.
Le dessin et la littérature : deux écritures intimement liées pour Roland Topor
Les nombreux dessins de Roland Topor publiés dans des journaux et magazines aussi divers que Le Monde, Hara-Kiri, le New York Times, Libération, ELLE ou encore Die Zeit sont caractéristiques d’un dessin pour la presse plus que d’un dessin de presse. En effet, peu de ces réalisations expriment un engagement ou un intérêt pour l’actualité. Les dessins de Roland Topor privilégient un humour distancié des faits qui permet de dévoiler l’enjeu psychologique qui se cache derrière la face visible du quotidien.
Les illustrations réalisées par Roland Topor pour l’édition témoignent de son amour des livres. Ses dessins illustrant des textes littéraires tissent des correspondances entre l’univers de Roland Topor et celui des auteurs, l’artiste ayant favorisé des textes d’écrivains avec lesquels il partageait une affinité comme Marcel Aymé, Charles Perrault, Boris Vian, Jacques Sternberg, Marcel Moreau et Freddy de Vree.
L’intérêt de Roland Topor pour la littérature s’exprime pleinement dans la quatrième partie de l’exposition, où se dévoile sa production littéraire : les romans La Princesse Angine et Le Locataire chimérique dont sont présentées les premières pages manuscrites, des nouvelles, des pièces de théâtre comme Le Bébé de Monsieur Laurent, Vinci avait raison et L’Hiver sous la table et des chansons.