Lieu de fabrication de danse contemporaine, espace d’émulation et de coopération… La Briqueterie va lancer la vingt-sixième édition des Plateaux. Sous-titrés « Visions élargies », Les Plateaux 2018 réservent un programme riche en aspérités. Europe, Australie, Amérique du Nord… Les Plateaux sont certes quatre jours de rencontres professionnelles, mais ouvertes aux publics comme au monde. Moment pointu, les chorégraphes et danseurs y présentent des créations plutôt inédites en France. Avec, pour cette année, quinze pièces à découvrir. Au fil de deux soirées double et triple programmes (mercredi et jeudi, respectivement). Ainsi que de deux après-midis-soirées, réunissant chacun cinq spectacles (vendredi et samedi). Ouvrant le bal, la chorégraphe espagnole Roser López Espinosa présentera Hand to Hand (2014). Un Lac des cygnes en forme de combat de judo. Le ton est donné : quatre jours punchy, en complicité avec Aerowaves — hub et incubateur chorégraphique européen.
Les Plateaux 2018 : quatre jours et quinze pièces (danse, performance)
Souci de soi et du mouvement, Les Plateaux 2018 seront également inaugurés par le chorégraphe grec, Christos Papadopoulos (Cie Leon & the Wolf). Avec Opus (2016, artiste Aerowaves), Christos Papadopoulos livrera un quatuor chorégraphique où les danseurs deviennent instruments de musique. Celle de Johann Sebastian Bach, L’Art de la fugue – BWV 1080. Chorégraphe australienne, Lilian Steiner présentera pour sa part Memoir for Rivers and the Dictator (2018), un duo qu’elle interprètera avec Reuben Lewis, trompettiste. Autre duo, croate-italien cette fois, Giuseppe Chico et Barbara Matijevic livreront une pièce incisive, en écho avec la culture du jeu vidéo : Forecasting (2011, artiste Aerowaves). Dernier opus de leur trilogie D’une théorie de la performance à venir, où le seul moyen d’éviter le massacre serait-il d’en devenir les auteurs ? Tandis que Wreck (2017, artiste Aerowaves), du chorégraphe italien Pietro Marullo, dévoilera un monstre aux lisières de l’installation et de la danse.
La Briqueterie (Vitry-sur-Seine) s’ouvre aux publics pour quatre jours intenses
Avec Bang Bang (2017), Manuel Roque livrera lui aussi un solo en forme d’épreuve physique. Une performance sur mesure, écrite par le chorégraphe, pour et contre le danseur (lui-même). Tandis qu’avec Oh!rage (2018), Calixto Neto redonnera visibilité et énergie d’imagination aux corps minoritaires. La performance NoirBlue (2017), d’Ana Pi, partira d’une question étonnante : l’absence du bleu dans certaines langues. Évolution de la constitution de l’œil, autres termes, ou rareté dans la nature, le bleu n’a pas toujours fait partie du vocabulaire. Le noir, si. Tout comme l’idée d’une danse noire (par métonymie de couleur de peau). La pièce NoirBlue distillera ainsi ces glissements. Le chorégraphe Raphaël Soleilhavoup proposera pour sa part Low Cost (2017) : une réponse possible à la question de savoir ce qu’est le spectacle vivant low cost (à bas coût, bradé). Là où, également contorsionniste mais littéralement, Andréane Leclerc reprendra Cherepaka (2011). Un tableau de déconstruction des corps.
Créations et inédits : plongée dans la fabrique des émergences chorégraphiques
Chorégraphe australien, James Batchelor présentera Hyperspace (2018). Une exploration des manières avec lesquelles le corps participe aux expéditions scientifiques. Comme un voyage en mer pour étudier les volcans sous-marins. Tandis qu’avec No(s) terres (2018), Olivier Renouf proposera un duo reliant danse et rapport à la terre. Entre attachement (monde paysan) et arrachement (exil politique). Travaillant le fragmentaire, Étienne Rochefort présentera deux des trois moments qui composent Vestiges : Vestige #2 et Vestige #3 (2017). Pour un univers cultivant hip-hop, skate et danse contemporaine. Danseur de ballet et chorégraphe italien, Andrea Costanzo Martini livrera Scarabeo, Angles and the Void (2017, artiste Aerowaves). Une pièce où le corps des danseurs n’est pas illustratif des émotions, mais pure matérialité physique, tangible. Enfin, avec Molar (2017) [kiffer], le chorégraphe catalan Quim Bigas Bassart clôturera Les Plateaux 2018 en lançant les publics à la poursuite du bonheur… Tel que vendu dans la publicité contemporaine. À suivre.