Jean-Louis Sarrans
Demain, même heure
«Demain, même heure» confronte l’Homme à la Nature, dans une altérité supérieure. Les séismes et bouleversements climatiques renvoient à notre responsabilité. Les données de l’exposition sont donc simples: agir sous peine d’être dépassé, demain, par le dérèglement des éléments qui nous entourent.
A contre-courant des images médiatiques de catastrophes, Jean-Louis Sarrans s’engage sous une forme conceptuelle. En privilégiant la contemplation et le temps de la pensée sur la consommation des images, il invite le spectateur à reconsidérer la beauté des choses et l’échelle de l’Homme dans le monde.
Ses tableaux photographiques, issus de prises de vue en extérieur, assoient des horizons bruts, ceux des glaciers du Groenland ou des trottoirs de New York, et submergent par un parti pris chromatique dense, bleu ou rouge.
En quelques fresques monumentales — quatre diptyques, un triptyque et un ensemble de neuf panneaux — Jean-Louis Sarrans parvient ainsi à stimuler notre imagination, seule ressource inépuisable selon lui, et à réveiller notre volonté. En phase avec notre identité contemporaine, ses oeuvres photographiques apparaissent d’autant plus justes qu’elles tracent une voie déterminée, sans agressivité aucune.
La galerie binôme présente également le livre Cosmogonies — dont «Demain, même heure» constitue l’avant-dernier chapitre — et une vidéo qui complètent cette installation.
Cosmogonies rassemble six années de réflexions personnelles et d’investigations photographiques menées à travers le globe. Sur le ton d’un essai et sur un rythme quasi-pictural, ce livre relève le défi de reprendre l’histoire des hommes et de la matière. En sept chapitres, il aborde la création, la genèse ainsi que l’expansion et le désordre. Tout au long des images et des textes — inspirés autant de cosmogonies anciennes que d’exégèses médiévales de la Kabbale ou de textes philosophiques essentiels du XXe siècle — il interroge avec modernité l’inconséquence des civilisations face à une nature plus grande que nous.
This time tomorrow est une vidéo qui constitue une projection redoutable sur l’avenir de la planète. Elle démarre sur un souvenir de vacances, dans un bruissement de vent et de conversations. Sans transition, l’image dérape tout en saturation, monochrome et monotone. Dernier clip réalisé en parallèle de la série photographique, cette vidéo signe un changement de ton de l’artiste. Au sens propre, lorsque très vite l’image s’empourpre de manière indélébile, emportant toute trace de vie. A ce stade, l’homme paraît avoir tout consommé dans la nature y compris lui-même. Au sens figuré, en ce qu’elle sonne comme un acte militant: dénonciation sans appel des dérèglements naturels et incitation à la responsabilisation individuelle.