Parmi les créations proposées par cette édition 2017 du festival Concordan(s)e, la pièce de Frank Smith et Mylène Benoît, Coalition, se présente comme une tentative chorégraphique, textuelle et musicale soulevant diverses interrogations pour concilier danse et écriture. Questions esthétiques et politiques sont à l’origine de ce spectacle s’attachant au corps, à la parole, et à la communauté.
Coalition : une rencontre
Selon le principe de Concordan(s)e, un chorégraphe et un écrivain sont invités à se rencontrer, et créer ensemble une pièce, alors même qu’ils ne se connaissent pas. Si la création partagée de Coalition se révèle être une expérience nouvelle pour l’écrivain Frank Smith, la chorégraphe Mylène Benoît a déjà eu quant à elle l’occasion de travailler à partir du texte d’un écrivain, Edouard Levé.
Accordant depuis peu de temps une place à la parole dans son travail chorégraphique, Mylène Benoît défend habituellement une approche «abstraite» de la danse : «c’est une approche plutôt conceptuelle qui me conduit à utiliser du langage dans le travail chorégraphique», confie-t-elle. Pourtant, Mylène Benoît n’a pas manqué d’être retenue par le livre de Frank Smith, Guantanamo, dans lequel il utilise essentiellement «on» et recourt au changement de sujet. Ainsi un corps peut-il être considéré sous différents aspects et nommé de différentes manières. A la lecture de l’ouvrage de Franck Smith, Mylène Benoît se demande alors : «qu’est-ce que le corps du On ?»
Coalition : la question du On
C’est une telle question qui réunit ultimement la chorégraphe et l’écrivain, Mylène Benoît et Frank Smith. Comment, dès lors, traduire «on» en un langage chorégraphique approprié permettant d’exprimer l’impersonnalité recherchée, puisque «le On permet de ne pas se remplir de soi» ?
Coalition se présente alors comme la tentative, indéfinie peut-être, de former une communauté des corps par delà les différences évidentes entre Frank Smith et Mylène Benoît : «On est dans la tentative, toujours avortée évidemment, mais en affirmant en même temps toujours l’utopie ou au moins l’objectif, d’entrer dans le corps de l’autre. Nous tendons à entrer dans le corps de l’autre, à danser la danse de l’autre. Chacun de nous deux a appris la danse de l’autre…»