L’exposition «Clin d’œil… 40 ans (1976-2016)» est explicitement placée sous le signe d’un anniversaire, celui d’une exposition présentée en 1976 par Alain Bourbonnais, architecte, artiste, et collectionneur, dans la galerie qu’il avait ouverte quatre ans plus tôt à Paris, l’Atelier Jacob.
Passionné par l’art brut et fortement influencé par Jean Dubuffet, Alain Bourbonnais avait pour ambition de poursuivre en France l’entreprise de celui-ci, qui avait décidé en 1971 de donner sa collection d’art brut à la ville de Lausanne en Suisse.
L’exposition de 1976 réunissait les Å“uvres d’une trentaine de créateurs. Certains avaient été suggérés par Jean Dubuffet, choisis parmi ceux de sa collection de Lausanne: Marie-Rose Lortet, Giovanni Podestat, Emile Ratier, Jean-Joseph Sanfourche Mario Chichorro, Albert Geisel, Jackson Stricanne et Franz Ringel. D’autres créateurs, comme Jean Couchat, Francis Marshall, Fernand Michel, François Monchatre, Albert Salle, et Lena Vandrey, étaient des découvertes d’Alain Bourbonnais. Tous s’inscrivaient à la croisée de l’art brut, de l’art populaire, de l’art naïf et de l’art contemporain.
Après la fermeture de l’Atelier Jacob en 1982, Alain Bourbonnais a dessiné et créé un nouvel espace pour recueillir sa collection d’art qu’il qualifie d’«hors-les normes», selon une expression de Jean Dubuffet, qui réservait le terme «art brut» à sa collection.
Ce sera La Fabuloserie, située à Dicy, dans l’Yonne, qui ouvrira au public dès 1983. S’y côtoient plus d’un millier de réalisations d’artistes autodidactes relevant de l’art brut, des œuvres souvent guidées par la nécessité, et qui ignorent les frontières de l’art.
Volontiers anti-institutionnel, le lieu que Jean Dubuffet qualifia d’«Anti-Beaubourg décentralisé» et de « Puissante citadelle du marginal» se veut l’écrin d’un art outsider. Son agencement même en est le reflet: il est partagé entre une «maison-musée» et d’un musée de plein air, appelé «Le jardin habité», où sont exposées les sculptures d’«habitants-paysagistes».
L’exposition «Clin d’œil… 40 ans (1976-2016)» trouve dans cet anniversaire un prétexte à renouveler en partie l’exposition de 1976 et témoigne d’une entreprise résolument «hors-les-normes».