Dans la région de Beira-Alta, au Pourtugal, se trouve une maison dite hantée par les fantômes de sept demoiselles. Profondément influencé par l’endroit où il a grandi, Tito Mouraz a créé une série photographique portant sur la légende de ce lieu rural qui a bercé son enfance. C’est par là une manière de nous présenter sa propre perception des évolutions et du vieillissement d’un lieu, d’un territoire.
«Dans cette maison, vivaient sept jeunes filles, des sœurs célibataires. Une d’elle était une sorcière. Les nuits de pleine lune, vêtues de leurs robes blanches, les sept jeunes filles s’envolaient du balcon de leur maison jusqu’aux branches feuillues du châtaignier, de l’autre côté de la rue. De cet endroit précis, elles séduisaient les hommes qui passaient par là .
Cette série fait toujours référence au même endroit, une manière de témoigner des changements liés au temps (la lente désactivation des pratiques agricoles, la transformation progressive du territoire, le vieillissement, etc.) en dépit de l’écoute du même hibou, du même renard, des mêmes histoires.
Telle une légende, à la fois magique et effrayante, cette expérience cyclique a été ma plus grande blessure: la nuit, les fumées, les corps, la lune, les ruines, les bruits. Un lieu d’affection, mais après tout, je suis aussi né ici ». Tito Mouraz
En noir et blanc, les clichés mettent en scène certains aspects et détails de ce lieu fascinant. Du reste, une fois évidé de ses couleurs et contrasté, il prend des airs manichéens de contes pour enfants – où les gentils ne seront jamais les méchants. A propos d’enfance, on découvre dans cette série un étrange cheval à bascule qui, selon l’angle par lequel on l’observe, flotte dans les airs prêt à s’évader ou bien est effondré à terre. Tito Mouraz parvient à capter le minimalisme des mystères, jouant souvent sur un jeu subtil d’ombre et de lumière, mais empoignant également la grâce de l’enfant qui grandit au contact des lieux qu’il explore, des légendes qu’il écoute, des secrets qu’il ne parvient pas à garder…