L’exposition « Battlegrounds » (Champs de bataille) à la galerie Bugada & Cargnel présente la dernière série de tableaux de Claire Tabouret. Après les visages adolescents de sa précédente exposition, « Les Débutantes », ce sont des personnages adultes, unis par une tonalité guerrière qui s’affichent dans ce nouvel ensemble.
Une première salle qui invite à passer derrière la toile
Dans la première salle, un personnage aux cheveux tressés, au genre indéfini, nous tourne le dos. Cette toile intitulée Back to The World est une véritable introduction à l’exposition. Elle représente la peintre Agnès Martin qui disait peindre « dos au monde » et sous le signe de laquelle est placée tout le parcours. Par son attitude et par le mystère qu’elle dégage, la toile invite à plonger dans les salles suivantes, comme pour passer derrière elle et enfin découvrir le visage de cet énigmatique personnage…
La suite du parcours est ainsi un passage à travers le miroir. La deuxième salle expose les tableaux sur des murs dont les proportions obligent à observer chacun d’eux un par un. Leur touche très abrupte et franche n’en ressort que davantage. A l’apparence androgyne du premier personnage succède des visages féminins qui reflètent chacun un caractère très marqué, à travers un maquillage semblable à une peinture de guerre. Les visages sont ouverts et calmes malgré la potentielle menace qu’ils contiennent.
« Battlegrounds » : des champs de bataille partagés entre l’attente et l’attaque
Dans cette salle se côtoient des scènes par lesquelles Claire Tabouret poursuit sa recherche autour de l’immobilisme, la stagnation et le silence et la stagnation et d’autres où se manifestent des attitudes guerrières et toutes les formes que peut prendre le désordre du monde : le bruit, le mouvement, l’éclat… Ainsi l’instant en suspens capté par une grande toile où un personnage est assis devant un large paysage s’oppose-t-il au tableau éponyme, Battleground, dans lequel une femme géante nous toise d’un regard de défi, harnachée d’une armure de cuir qui lui donne des airs de super héroïne, de dominatrice ou de guerrière médiévale.
La troisième et dernière salle réunit vingt-trois monotypes, médium que Claire Tabouret a récemment commencé à exploiter. Suspendus à hauteur de regard, les monotypes réutilisent des détails de tableaux de l’exposition. Ils forment ainsi la dernière étape d’une visite en coulisses, celle qui fournit les clefs attendues dès le départ. A travers les reprises de motifs, formes, personnages et couleurs, se dessinent des schémas, correspondances visuelles et comme un langage commun. Ainsi se révèle le dispositif même de l’exposition, qui la clôt tout en invitant à reprendre la visite au début.