DANSE | SPECTACLE

Quelque part au milieu de l’infini / New School

13 Mar - 17 Mar 2018

Les deux pièces du chorégraphe Amala Dianor, Quelque part au milieu de l'infini et New School, ont en commun une épure scénographique et une densité du rythme, des interactions. Venu du hip-hop pour mieux s'en détacher, Amala Dianor compose son vocabulaire d'écriture, pour une danse singulière et globale.

Quelque part au milieu de l’infini et New School sont deux pièces récentes du chorégraphe Amala Dianor. Toutes deux ont en commun la musique électronique du compositeur Awir Léon, et la forme du trio. Ainsi qu’une tendance à l’abstraction. Dépouillant la danse de ses automatismes, Amala Dianor compose un vocabulaire chorégraphique autoréférentiel. Dans le hip-hop, Amala Dianor puise une forme de rapidité et de souplesse ; dans la danse classique, une forme de prestance suspendue. Conjuguant les héritages et les horizons, ses pièces dessinent des moments de poésie, où les mouvements des danseurs, ainsi que leurs interactions, font lieu et école. Le rapport au sol, à la gravité, aux corps, aux muscles, à l’équilibre, au présent et à la présence physique font la chair et la texture des spectacles. Tandis que la sobriété de la scénographie met en lumière le travail des rythmes.

New School d’Amala Dianor, de la old school hip-hop à l’Abstract : faire école

Pour New School, le trio Admir Mirena, Sandrine Lescourant et Link Berthomieux s’emparent des codes de la hip-hop old school, pour mieux les détourner, les transformer. Dans la continuité directe de De(s)génération, New School poursuit le travail de décloisonnement. Faisant ainsi un pas chassé vers l’Abstract, ce style de danse qui conjugue codes hip-hop et métissages chorégraphiques. En prenant le risque de ne plus appartenir à un genre défini, et de devoir ainsi devenir sa propre référence. Tandis que la conjugaison danse hip-hop et musique électro-ambient représente déjà, en soi, une petite entaille dans la trame des conventions et coutumes. Hors catégorie, le chorégraphe Amala Dianor explore l’écriture chorégraphique. Sans pour autant chasser toutes références implicites ou explicites, ces pièces plongent dans quelque chose de plus essentiel que les appartenances sociales : le rythme. Comme chair et texture du présent, de la présence.

Quelque part au milieu de l’infini : une écriture chorégraphique autoréférentielle

Amala Dianor cultive une forme d’écart chorégraphique. Un écart qui s’accentue encore avec Quelque part au milieu de l’infini. « N’importe qui peut compter les graines d’une pomme, mais un seul peut compter les pommes d’une graine. » C’est avec cette phrase que s’ouvre la présentation du spectacle. Pièce pour trois interprètes — Amala Dianor, Souleyman Ladji Koné, Pansun Kim ou Saïdo Lehlou —, sur scène se dessinent des paysages en mouvement. Décor minimaliste, le plateau est cintré de quelques vidéos éparses et rectangulaires, plutôt abstraites, en pointillés. Comme la musique d’Awir Leon : une électro-ambient légère et scintillante. Espace déictique, autoréférentiel, le quelque part de la scène devient effectivement le milieu de l’infini. Les interprètes dansent des indices d’espace et de temps. Leurs corps et leurs esprits sont en transit, ils tracent des pistes, des manières de se mouvoir, d’habiter le présent, de le contourner. Ouvrant ainsi une porte sur le réel de l’instant.

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